Disputatio

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Disputatio

Forum de discussions philosophiques, bibliques et théologiques

Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

2 participants

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    avatar
    Jacques Laroche
    Admin


    Messages : 104
    Date d'inscription : 15/01/2013
    Localisation : Québec

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  Jacques Laroche Ven 18 Jan - 9:09

    Je reçoit une demande d'explication pour mieux comprendre la notion de châtiment. Vos réflexions sont le bienvenue.
    avatar
    vgauthier


    Messages : 112
    Date d'inscription : 17/01/2013
    Age : 63

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Notion de châtiment

    Message  vgauthier Sam 19 Jan - 9:32

    Il faut s'en tenir à la définition française du mot. Du verbe châtier dont le premier sens est d'infliger une peine à autrui pour corriger(Robert). Le châtiment est défini plus particulièrement comme étant une peine sévère.

    Deux mot retiennent l'attention. Les mots corriger et sévère. Contrairement à une peine pour décourager telle ou telle action répréhensible ou pour imposer le paiement d'une dette sociale (principe du droit pénal), le châtiment vise en son essence la correction.

    Au sens plus théologique, à mon avis, le châtiment emporte une action pédagogique en ce sens qu'il enseigne au fautif le caractère sacré et inviolable de l'objet de sa faute. Il y a là une notion d'enseignement. Un châtiment ne se comprend que par la contrepartie pénale à une action fautive envers les commandements de Dieu et jamais ceux de l'Église des hommes. Le châtiment, pour être signifiant et rédempteur (notion de rachat), vise une prise de conscience pleine et entière et la redirection de l'esprit dans le chemin de la Vérité.

    Quant à la notion de sévèrité, elle est trop élargie pour en statuer.
    avatar
    Jacques Laroche
    Admin


    Messages : 104
    Date d'inscription : 15/01/2013
    Localisation : Québec

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  Jacques Laroche Dim 20 Jan - 6:55

    Je retiens ceci de ce que tu me dis:
    À la base du châtiment, il y a un comportement fautif qui doit être corrigé.
    La peine imposée vise donc la correction.
    Il y a un lien avec la justice et la loi (droit pénal) car de tout temps, les hommes ont encadrés les peines encourues pour tel ou tel action répréhensible (frontières à ne pas outrepasser) et sont donc envisagées comme un moyen préventif d'éviter le châtiment. Mais le but recherché dans le châtiment est une correction comportementale.


    Dans un cadre plus générale et antérieurement à l'application concrètes de châtiments dans la vie des hommes (par les hommes), le châtiment me semble pouvoir être interprété comme une "explication" du malheur qui nous affecte. Très tôt les hommes ont recherché une explication aux catastrophes qui les atteignaient. Nous n'avons qu'à lire les tragédies grecques, tel l'Iliade, pour réaliser à quel point l'homme cherche un sens à sa condition terrestre difficile et aux malheurs qui l'afflige.

    L'homme est porté tout naturellement à interpréter les malheurs qui le dépasse, ou qui outrepasse la force et la volonté humaine, comme un châtiment: "ce châtiment vient de Dieu". L' homme arrive à la conclusion que l'ordre, voulu par Dieu, à été bouleversé. La cause véritable de la catastrophe (d'abord pensé comme une intervention divine) remonte jusqu'à l'homme qui en serait le vrai responsable, et le fait de vivre cette catastrophe comme un châtiment fait disparaître le mal, en imposant que "tout rentre dans l'ordre".

    Tu est rentré dans le vif du sujet dans l'interprétation théologique du châtiment comme une action pédagogique d'enseignement: comportement fautif qui nécessite une peine pour éveiller la conscience et la corriger. Ce cheminement obligé de la conscience s'exprime souvent dans la bible de la manière suivante:
    L'équilibre initial est rompu par une transgression.
    Dieu intervient par le châtiment.
    L'ordre est rétabli.

    Mais il serait intéressant de pousser plus loin notre investigation et de voir concrètement dans la bible comment Israël a donné place au châtiment et comment il l'a compris.
    Tu nous pousse déjà vers une certaine compréhension saisissante du châtiment lorsque tu dis:
    "Le châtiment, pour être signifiant et rédempteur (notion de rachat), vise une prise de conscience pleine et entière et la redirection de l'esprit dans le chemin de la Vérité". Mais je pense qu'il faille élaborer ce qui mène à cette conclusion.

    (à suivre)
    avatar
    vgauthier


    Messages : 112
    Date d'inscription : 17/01/2013
    Age : 63

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  vgauthier Dim 20 Jan - 9:44

    Je rajouterais même ceci. N'ayant pas la Foi, les juifs sont nécessairement destinés à la déchéance des Ténèbres. C'est ce qu'il faut comprendre du message christique. Il n'y a aucune ambivalence à ce titre.
    avatar
    vgauthier


    Messages : 112
    Date d'inscription : 17/01/2013
    Age : 63

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  vgauthier Dim 20 Jan - 10:32

    Tu écris :

    Très tôt les hommes ont recherché une explication aux catastrophes qui les atteignaient. Nous n'avons qu'à lire les tragédies grecques, tel l'Iliade, pour réaliser à quel point l'homme cherche un sens à sa condition terrestre difficile et aux malheurs qui l'afflige.

    L'homme est porté tout naturellement à interpréter les malheurs qui le dépasse, ou qui outrepasse la force et la volonté humaine, comme un châtiment: "ce châtiment vient de Dieu". L' homme arrive à la conclusion que l'ordre, voulu par Dieu, à été bouleversé.

    N'est-ce pas pour cette impossibilité de l'homme face à l'inexplicable que celui-ci s'est inventé des dieux, dont le nôtre, pour accrocher un sens à toutes choses et à lui-même?

    avatar
    vgauthier


    Messages : 112
    Date d'inscription : 17/01/2013
    Age : 63

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Question

    Message  vgauthier Dim 20 Jan - 10:33

    La Foi peut-elle être certitude?
    avatar
    Jacques Laroche
    Admin


    Messages : 104
    Date d'inscription : 15/01/2013
    Localisation : Québec

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  Jacques Laroche Dim 20 Jan - 10:42

    Tu cherche à noyer le poisson, dommage le sujet était bien parti. Trop de diversions transforme un bon repas en un buffet indigeste. Je quitte pour la messe et te reviens par la suite.
    avatar
    vgauthier


    Messages : 112
    Date d'inscription : 17/01/2013
    Age : 63

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  vgauthier Dim 20 Jan - 10:47

    Je noie rien du tout. Outre les nouveaux sujets d'intérêts, j'ai poursuivi sur le châtiment. Tu n'as pas lu?

    Serais-tu incapable de te concentrer sur plusieurs questions à la Foi?(jeu de mots magnifique de ma part, merci).
    avatar
    Jacques Laroche
    Admin


    Messages : 104
    Date d'inscription : 15/01/2013
    Localisation : Québec

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  Jacques Laroche Dim 20 Jan - 13:12

    vgauthier a écrit:Je noie rien du tout. Outre les nouveaux sujets d'intérêts, j'ai poursuivi sur le châtiment. Tu n'as pas lu?

    Serais-tu incapable de te concentrer sur plusieurs questions à la Foi?(jeu de mots magnifique de ma part, merci).
    Non seulement à me concentrer, mais également pas l'interêt de m'allonger dans un roman de 100 pages pour répondre en sous-développement aux affirmations suivantes de ta part et qui devraient être traitées dans des sujets différents:

    Le Christ a aboli l'ancienne alliance
    Les œuvres et les commandements n'ont plus rapport ou d'effet sur le salut
    Seul la foi seul sauve
    L'homme est laissé à lui-même devant un choix, royaume ou ténèbre
    Les juifs sont destinés à la déchéance des Ténèbres
    La Foi peut-elle être certitude?

    Tu ne devrais donc pas t'étonner que je mentionne que tu te lance dans plusieurs directions en même temps. J'ai transferé ton message dans un nouveau sujet de théologie sur le rapport entre l'ancienne et la nouvelle alliance ici:
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


    Dernière édition par Jacques le Dim 20 Jan - 16:07, édité 2 fois
    avatar
    Jacques Laroche
    Admin


    Messages : 104
    Date d'inscription : 15/01/2013
    Localisation : Québec

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  Jacques Laroche Dim 20 Jan - 13:32

    vgauthier a écrit:Tu écris :

    Très tôt les hommes ont recherché une explication aux catastrophes qui les atteignaient. Nous n'avons qu'à lire les tragédies grecques, tel l'Iliade, pour réaliser à quel point l'homme cherche un sens à sa condition terrestre difficile et aux malheurs qui l'afflige.

    L'homme est porté tout naturellement à interpréter les malheurs qui le dépasse, ou qui outrepasse la force et la volonté humaine, comme un châtiment: "ce châtiment vient de Dieu". L' homme arrive à la conclusion que l'ordre, voulu par Dieu, à été bouleversé.

    N'est-ce pas pour cette impossibilité de l'homme face à l'inexplicable que celui-ci s'est inventé des dieux, dont le nôtre, pour accrocher un sens à toutes choses et à lui-même?

    Oui il y a certainement une quête de sens car la nature humaine à horreur de l'incertitude et "les dieux" peuvent avoir quelque chose d'apaisant pour la conscience humaine en quête de sens. Le fait est que la vie et l'être sont un mystère pour l'esprit raisonnable. Nous nageons dans l'être et sommes en droit de nous interroger sur le fait qu'il y a de l'être plutôt que le néant; la question de Dieu surgit tout naturellement à l'homme.
    avatar
    vgauthier


    Messages : 112
    Date d'inscription : 17/01/2013
    Age : 63

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  vgauthier Dim 20 Jan - 19:08

    Je ne me lance pas en toutes directions. L'intérêt d'un tel site est de pouvoir introduire des sujets susceptibles de rétroaction. Un seul sujet peut ne pas convenir à tous. Le principe du buffet enlève l'angoisse des invités de tomber sur un plat bien concocté par l'hôte mais peu prisé selon le goût voire même allergène pour certain.

    Rien n'empêche de développer le ou les sujets de son choix ou non. La diversité des sujets donne de la richesse au site et à son objet.

    D'ailleurs, seuls les maîtres jouent aux échecs sur une multitude de jeu à la suite l'un de l'autre!!!

    Ceci dit, merci beaucoup pour la référence au texte du pape Benoît XVI à l'époque où il était cardinal. Je le lire avec attention.

    avatar
    Jacques Laroche
    Admin


    Messages : 104
    Date d'inscription : 15/01/2013
    Localisation : Québec

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  Jacques Laroche Dim 20 Jan - 22:27

    vgauthier a écrit:Je ne me lance pas en toutes directions. L'intérêt d'un tel site est de pouvoir introduire des sujets susceptibles de rétroaction. Un seul sujet peut ne pas convenir à tous. Le principe du buffet enlève l'angoisse des invités de tomber sur un plat bien concocté par l'hôte mais peu prisé selon le goût voire même allergène pour certain.

    Rien n'empêche de développer le ou les sujets de son choix ou non. La diversité des sujets donne de la richesse au site et à son objet.

    D'ailleurs, seuls les maîtres jouent aux échecs sur une multitude de jeu à la suite l'un de l'autre!!!

    Ceci dit, merci beaucoup pour la référence au texte du pape Benoît XVI à l'époque où il était cardinal. Je le lire avec attention.

    Tu as raison, rien n'empêche de développer les sujets de son choix ou non. Maître d'échec, je ne le suis pas malheureusement. Je ferai quand même de mon mieux pour te relancer sur plusieurs de tes interventions, mais à un rythme pas nécessairement soutenu.
    avatar
    Jacques Laroche
    Admin


    Messages : 104
    Date d'inscription : 15/01/2013
    Localisation : Québec

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  Jacques Laroche Dim 20 Jan - 22:34

    Dans l'ancien testament la médiation entre Dieu et Israel se discerne dans 3 niveaux du pouvoir: le prêtre, le roi et le prophète mais la justice y est interprétée différamment.

    Voici un résumé le plus court possible de comment est comprise la justice dans ces 3 ordres tiré d'un livre du Père Mayère:

    Prêtre:

    Propose un idéal, une perfection tiré de la Cité sainte à l'architecture parfaite et absolu, cité parfaite ou le mal n'existe pas, un règne de Dieu sur terre dans le parfait accord entre Dieu et les hommes, ou le Temple et le culte occupe tout l'espace et toute l'activité.

    La justice doit être vécue à l'état pur comme dans l'archétype véhiculé, et pour se faire, l'élimination des éléments jugés mauvais ou imparfaits est nécessaire dû à l'incompatibilité absolu du bien et du mal (exclusion rigoureuse).

    Concrètement, toute la vie humaine se développe dans l'opposition du pur et de l'impur qui souille la sainteté de Dieu. La justice divine réclame l'élimination de l'impur et le châtiment devient l'instrument de l'élimination de ce qui est exécrable devant Dieu, aucune autre considération que la sainteté de Dieu qui rends le châtiment impitoyable.

    Cette cité sainte, archétype de la perfection divine semble décrire une réalité post jugement ou le châtiment a été éliminé avec le mal qu'il a fait disparaître. Elle ne semble pas prendre en compte le temps, l'évolution, la conversion et semble ignorer la finitude de l'homme et la patience de Dieu, l'espérance et les renouveaux, les jeux du bien et du mal en nous.


    Roi:

    À l'inverse de la tradition sacerdotale qui est idéaliste, la tradition royale s'inscrit dans un projet historique et réaliste car le roi a charge de constituer la cité humaine. Le mythe théocratique, ou Dieu est censé diriger son peuple de façon immédiate, cède la place à une délégation du pouvoir divin entre les mains royales.

    Il doit vivre avec les bons et les méchants, tenir compte du contexte occasionnel, au milieu des nations et des grands empires de son temps. Il devient juge suprême et dépositaire des lois divines, et veille à l'organisation pratique de la jurisprudence.

    Le sens donné au châtiment est influencé par cette délégation du pouvoir au roi; le fondement de la justice, même s'il se réfère encore à Dieu, est le bien de la société. Dans la pratique, c'est la société qui s'organise et qui fait préciser et évoluer les lois en fonction des besoins et du consensus de l'époque ainsi que de l'exécution des sanctions.

    Un équilibre doit être trouvé pour empêcher l'explosion des forces incontrôlées et en même temps protèger les plus faibles de la violence des puissants. Cet équilibre se trouve dans un ordre imposé qui rends possible la vie de tous, et donc ne peut se faire sans contraite.

    Le châtiment se justifie maintenant et s'exerce pour sa valeur incitative et exemplaire. Le châtiment est vu, non pas en fonction de la sainteté de Dieu (par suite de l'incompatibilité entre le pur et l'impur), mais pour son effet dissuasif (punition et prévention à la fois). Par le châtiment, le roi préserve la société de la violence du méchant et impose la justice.


    Prophète:

    Considéré comme un marginal sans autorité officialisée, le prophète a pourtant une grande autorité morale qui lui confère un contre-pouvoir face au pouvoir du roi et au pouvoir du prêtre. Il n'hésite pas à défendre l'innocent devant le roi et peut également s'en prendre aux prêtres pour dénoncer le culte purement extérieur et hypocrite.

    Le prophète est souvent annonciateur de catastrophes, il menace souvent de châtiments les contrevenants de la loi et de la justice. Mais en même temps, il refuse d'en appeler à la justice des magistrats ou des prêtres.

    Le prophète est avant tout porteur d'un esprit, de l'esprit de l'Alliance, qui vise le changement de l'opinion publique, le renouveau du coeur, et cela se réflète sur la conception du châtiment. Comme le disait vgauthier, l'action pédagogique et d'enseignement sera en arrière plan du châtiment.

    2 révolutions importantes concernant le châtiment:

    La solidarité de la faute, chargé d'expliquer les catastrophes comme un châtiment collectif, laissera place à une peine individualisée et en rapport avec l'importance de la faute. L'intériorisation de la religion par le développement de la conscience personnelle est exigée.

    L'exclusion, comme moyen de satisfaires la divinité irritée et de rendre au peuple sa pureté, cède la place à la possibilité du changement de la personne coupable. Cela ouvre également la porte à la possibilité du pardon.

    (à suivre)
    avatar
    vgauthier


    Messages : 112
    Date d'inscription : 17/01/2013
    Age : 63

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  vgauthier Mer 23 Jan - 7:35

    Texte très intéressant sur ces trois médiateurs. Cependant, il me semble que la définition du prophète au sens biblique n'est pas tout à fait juste. Selon ma compréhension, le prophète est défini comme celui qui parle au nom de Dieu. C'est donc un être « inspiré ». En ce sens, il serait bien au-dessus des deux autres médiateurs moins « connectés ».
    avatar
    Jacques Laroche
    Admin


    Messages : 104
    Date d'inscription : 15/01/2013
    Localisation : Québec

    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  Jacques Laroche Ven 8 Fév - 16:54

    DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

    La question de châtiment est présente chez les premiers chrétiens, et l’on peut constater une certaine continuité avec l’ancien testament. Les racines communes entre judaïsme et christianisme expliquent cette reprise, en écriture chrétienne, des mêmes thèmes évoqués précédemment dans les traditions hébraïques.

    La position sacerdotale est reprise dans le langage apocalyptique lorsqu’il est question du « jugement dernier » ou du « jour du Seigneur »: on en parle en terme de jour de la colère ou un châtiment définitif séparera bons et méchants, ceux-ci jetés dans les ténèbres extérieures ou le feu inextinguible de l'enfer. Entre ces deux catégories, bons et méchants, c'est le grand abîme, l'opposition radicale.

    Bien que nous constatons dans les évangiles et épîtres des passages qui nous ramènent à cette vision sacerdotale du châtiment, c’est principalement dans l'Apocalypse de Jean que nous assistons, dans des visions grandioses et terribles, à la condamnation de la Babylone impie, et à la descente du ciel de la Cité sainte, la nouvelle Jérusalem, tandis que s'inaugurent les cieux nouveaux et la terre nouvelle.

    La perspective de fin imminente, du retour du Christ, du Jugement universel (vos œuvres vous suivent) a été vécu par les premiers chrétiens, marqué à vif par la chute de Jérusalem, dans un état d'esprit radical de fin imminente, et a certainement contribué à cette vision sacerdotale du pur et de l’impur sans entre-deux. Ce courant eschatologique a contribué pour une part non négligeable au renforcement du sens de la culpabilité humaine et la crainte du châtiment tout au long de l’histoire humaine jusqu’à nos jours, surtout aux périodes de crainte. Il a été souvent utilisé comme argument moralisant dans, la prédication et certains livres de piété : il a ainsi contribué a former tout un courant rigoriste et pessimiste qui caractérise la mentalité janséniste et puritaine d'un certain christianisme « pur et dur ».

    Le début de l'évangile s'ouvre sur les menaces de Jean le Baptiste, écho de la vision sacerdotale apocalyptiques évoqués plus haut. De part et d'autre, c'est la même violence : « Engeance de vipères, qui vous a montré le moyen d'échapper à la colère qui vient ? Déjà la hache est prête à attaquer la racine des arbres ! »
    Cependant, celui que Jean-Baptiste désigne comme « Celui qui vient », avec sa pelle à vanner dans la main pour nettoyer son aire « et la bale qu'il brulera au feu qui ne s'éteint pas », ce Jésus qu’il baptise ne correspondra ni dans ses paroles ni dans son action à l'annonce que Jean-Baptiste en fait.

    Ce que nous constatons dans la pratique de Jésus ira à l’encontre de cette attente du peuple juif de l’époque ; voici trois caractères de la pratique de Jésus qui ressemble beaucoup plus à l’interprétation prophétique du châtiment.

    Un premier point très important : en renvoyant au dernier jour le Jugement, Jésus déconnecte, dans le cours du l'histoire, le couple traditionnel malheur et châtiment, bonheur et récompense, autrement dit intervention divine et action humaine. Dieu « fait pleuvoir sur le juste comme sur le méchant ». Ainsi Dieu n'opère pas son jugement dès ici-bas, d'ou s'ensuit pour l'homme l'obligation de ne pas juger, lui non plus, de ne pas exclure, sous prétexte de purification, mais au contraire de laisser croître ensemble froment et ivraie.

    Ce faisant, Jésus étend la zone de liberté à la fois du côté des interdits et de l'autre à regard des personnes. Bien significative est la polémique sans cesse ravivée à propos du sabbat. Dire que le sabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat n'est pas seulement relativiser la loi en question et donner le primat a la conscience ; c'est plus profondément déculpabiliser et donc interdire tout châtiment. De même avec les personnes : nous voyons Jésus au contact des pécheurs et des impurs légaux que sont les lépreux ou les morts, sans souci des conséquences normalement prévues par la loi.

    Le deuxième caractère de la pratique de Jésus se rattache comme une conséquence au refus de juger et donc de classer les gens dans l'une ou l'autre des deux catégories antithétiques bon/méchant, juste/injuste, pur/impur, innocent/coupable. Un regard nouveau sur le prochain le fait voir non comme celui qui mérite tel châtiment suivant la Loi, mais comme celui qui est susceptible de changement et de réinsertion. Place est donnée à l’évolution dans le temps, à l’action de l'Esprit ; place est donnée à la complexité de l'âme en demi-teintes.

    Troisième caractère : Jésus offre l'exemple de procédures autres que le châtiment pour régler l'injustice. Invitation est faite de gérer le conflit, au besoin d'admettre l'injustice au bénéfice de la paix et de l'entente réaliste. Ce n'est pas la crainte qui est chargée de modifier le comportement mauvais, mais l'intervention d'un frère ou d'une assemblée plus large qui fera prendre conscience a celui qui s'est mal conduit et recevra ses nouvelles dispositions.

    Le moyen privilégié de rétablir la justice n'est pas de châtier le coupable et de le faire périr, mais, par le pardon, de le rétablir dans la communauté. Ainsi en est-il de la femme adultère, ainsi du publicain Zachée, ainsi de l'enfant prodigue de la parabole. Au mal il n'est pas répondu par le mal, mais par l'intercession de l'innocent.

    Ainsi, contrairement à la perspective de la Cité sainte, qui n'est telle que par l'élimination de tout être impur, se dégage ici l'idée du salut universel par l'approche et la métamorphose de l’homme, même le plus lointain.

    La position des chrétiens dans la civilisation des grandes villes devait évidemment poser un problème d'adaptation dont nous voyons la trace dans les épitres de Paul et dans l’histoire de l’Église jusqu’à nos jours. En effet, a la différence de la Torah qui prévoyait toute une jurisprudence pour l'application de la justice, l'Évangile ne comporte pas de code particulier et ne prétend pas former une société « a part » sinon par l'esprit. Comme tout naturellement, les chrétiens vont se soumettre aux lois en vigueur qui règlent la vie sociale là ou ils se trouvent. On se retrouve bien souvent dans la position plus politique du Roi avec ses compromis nécessaires pour maintenir l’ordre établi. Et donc le courant évangélique s'est trouvé, dans la pratique, mêlé au confluent d'autres conceptions du droit : la philosophie grecque, le droit romain, le droit germanique ... Nous devons bien constater que ces influences ont souvent infléchi dangereusement l'esprit primitif et ont donné à la pratique de la justice, même lorsque l'Église avait la possibilité (en régime de chrétienté) d'imposer sa conception, une prédominance très païenne accordée à l'usage de la répression et de la contrainte. On ne cesse de nous remettre sous le nez, non sans raison, des pratiques parfaitement opposées à celle de Jésus, lorsque l’Église s’est retrouvée avec beaucoup de pouvoirs temporels.

    CONCLUSION:

    Pour la durée du temps présent, dans lequel se vit notre vie chrétienne, il nous est demandé d’adopter la même attitude que Jésus et qui correspond à la vision prophétique. Il est important de résister à la tentation d’imposer les notions sacerdotale et royale pour la durée du temps présent, et qui trouve sa forme dans l'image de la Cité parfaite ou celle imparfaite de la cité royale. Chaque fois que l'on a voulu réaliser ici-bas ces visions épurées, on aboutit à un totalitarisme révolutionnaire écrasant. Non, l'homme n'a pas à user du droit de punir, au sens de « faire du mal » pour châtier : il bafoue alors l'image de Dieu qui est en l'homme et atteint sa dignité. Ce n'est pas à dire qu'il doive tout supporter de l'injustice, mais c'est refuser, dans sa résistance même, de donner primauté a la répression et a la peur comme moyen déterminant de faire appliquer la loi pour le bien social.

    L'Élan prophétique nous entraîne dans une autre direction : l'instauration de pratiques de contacts humains, de « conversions », c'est-a-dire de retournements et de pardons. Même si cela demeure chanceux. « S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère ».

    Bien que cela relève d’une démarche plutôt « utopique », il nous est demandé, plutôt que de rêver à instituer sur terre la perfection dangereuse d'une Jérusalem céleste, de construire une Cité humaine ou cohabitent des bons et des méchants, de la liberté, de la difficile solidarité qui lie les uns et les autres dans la communion des saints et des pécheurs : une Cité édifiée sous l'effet de l’action spirituel, non sous le fouet du châtiment.

    Il ne nous est pas demandé non plus d’éliminer les deux autres visions du châtiment qui gardent leur pertinence propre. Nous ne sommes pas naïfs sur la nature humaine qui a plutôt tendances à vouloir imposer la droiture dans nos sociétés ou nous constatons tant de méchancetés et de crimes. La vision sacerdotale garde sa pertinence dans le cadre du « Jour du Seigneur » qui nous attends tous dans le passage de la mort. Il serait important de développer cette notion de « châtiment » dans le cadre de ce « jour du Seigneur » (à suivre éventuellement). Mais pour la duré du temps présent (de notre temps présent individuel), toute la place doit être donné à l’exemple, l’intercession, le pardon et la possibilité d'un changement profond, d'une métamorphose (Jésus parle d'une nouvelle naissance) de nos frères humains (et de nous-même bien entendu).

    Contenu sponsorisé


    Comment comprendre le "châtiment" dans la bible Empty Re: Comment comprendre le "châtiment" dans la bible

    Message  Contenu sponsorisé

      Sujets similaires

      -

      La date/heure actuelle est Ven 17 Mai - 6:07